Le Groupe Ouest est “totalement et même emblématiquement décentralisé”, comme le revendique son créateur et dirigeant Antoine Le Bos. Installée à Plounéour-Trez, sur la côte au nord de Brest, dans une usine réhabilitée, son équipe compte aujourd’hui une dizaine de permanents. Lancé en 2001 comme lieu d’accueil de scénaristes, Le Groupe Ouest a grandi pour constituer un véritable “Film Lab” dédié au développement de projets pour le cinéma indépendant européen.
“Notre idée première était d’initier un élan neuf en matière de développement de scénario, en accompagnant chaque année six auteurs venus de toute la francophonie”, explique Antoine Le Bos. Chaque résidence d’écriture comprend également trois sessions d’une semaine de rencontres et de suivi par des consultants, le tout sur neuf mois. Ici on n’apprend pas le “pitch” de scénario mais le “raconte-moi”; à la québécoise, la nationalité de l’un des consultants scénaristes. Depuis 2009, grâce à un partenariat avec les Italiens du Torino Film Lab, le lieu accueille une fois par an des auteurs internationaux qui se mêlent aux francophones. Enfin, en 2010, Le Groupe Ouest a créé avec plusieurs centres de recherche anglais un Cross Chanel Film Lab, programme de recherche sur les techniques de cinéma immersif ou relief et leur adaptation aux films à petits budgets.
Et maintenant ? “Aujourd’hui, il s’agit d’inventer de nouveaux modes de financement dans une période difficile pour le cinéma indépendant”, souligne Antoine Le Bos. Aux rencontres Doc’Ouest organisées par l’association professionnelle Films en Bretagne la semaine dernière, Le Groupe Ouest a ainsi lancé son Breizh Film Fund. C’est le premier fonds de dotation (c’est-à-dire abondé par le mécénat d’entreprises privées) à destination du cinéma, plus précisément de longs métrages bretons.
Tourné vers l’Europe
Le Crédit Agricole du Finistère, partenaire financier fidèle du Groupe Ouest depuis ses débuts, a doté le fonds d’1 M€ sur trois ans. “Le cinéma peut être une locomotive de développement dans un territoire excentré, milite Antoine Le Bos. Pour les entreprises l’intérêt du BFF n’est pas uniquement la défiscalisation de leurs fonds : il y a du militantisme et de la communication. Ça peut être intéressant d’investir dans le cinéma autant que dans un club de football ou dans un bateau pour une course en mer.”
Pour ces bretons décidément très tournés vers l’Europe, le prochain chantier est en attente d’une réponse de financement d’Europe Créative (ancien programme Média) : LIM, pour Less is more, est un projet de plateforme européenne lancée avec deux partenaires principaux, danois (Danish Film Institute) et roumain (Control N). Il s’agit de coaching et de développement destinés exclusivement à des films européens à petits budgets (500 000 €). Leur pari ? Que la contrainte financière nourrisse la créativité.
Article paru dans Ecran total n°1013
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